Peugeot 203

HISTORIQUE

Naissance de la 203 et les passions qu'elle a suscitées

Le projet de conception de la Peugeot 203 a lieu pendant la seconde guerre mondiale ; il aboutit, dans un contexte difficile d'après-guerre, à la naissance d'une voiture populaire emblématique de son époque. Avec la Renault 4cv, elle inaugure une nouvelle ère automobile. La mécanique est moderne et économique, la carrosserie élégante et spacieuse, le public la plébiscite. Elle séduit également des carrossiers talentueux, autant en France qu'à l'étranger. Des préparateurs de renom dynamisent son moteur réputé fiable, (il équipe même des formules juniors étrangères). De 1950 à 1960, aux mains de pilotes talentueux hommes ou femmes, la 203 à été victorieuse en course, rallye ou raid ; son palmarès est impressionnant. Soixante quinze printemps plus tard, son charme opère toujours, autant sur le public que sur les anciens et les jeunes amateurs. Le but de la présentation qui suit est de faire découvrir quelques 203 "historiques".

A la réputation de robustesse elle ajoutera la modernité. La ligne est inspirée des voitures américaines des années 40 (Plymouth, Lincoln), la carrosserie est monocoque-autoporteuse, l'alimentation électrique est en 12v, le moteur supercarré est à chemises humides avec culasse en alpax et soupapes en tête.

Une 203 de pré-série sera officiellement présentée le 30 Octobre 1947 au Palais de Chaillot à Paris, devant les concessionnaires de la marque et les journalistes de la presse automobile. Les premiers modèles sont dévoilés au public le 7 Octobre 1948, lors du salon au Grand Palais, pour des livraisons au printemps 1949. En effet, pendant cette période d'après-guerre, les approvisionnements sont difficiles, la réglementation du Gouvernement concernant l'automobile et la loi Pons entravent l'élan des constructeurs.

La 203 sera déclinée, selon les appellations commerciales du constructeur franc-comtois, en : Berline, Berline toit-ouvrant, Berline découvrable, Coupé, Cabriolet décapotable, Familiale, Limousine commerciale, Fourgonnette, Cabine et plateau nu, Camionnette bâchée, Fourgon tôlé, Ambulance (dites "Paquet de tabac"), Torpédos (dites "Tour de France" une série de 14) Exit les barbares "break", "pick-up" et le "lion de capot", ce dernier arborant une mascotte représentant une lionne à gueule rouge montrant ses quatre crocs (rappelant les quatre griffes rouges du Blason Franc-Comtois).

La 203 se prêtera au jeu de carrossiers, préparateurs privés, pilotes automobile ; peu de voitures d'après-guerre auront ce privilège. Elle deviendra "la Lionne de Sochaux" comme la prédestinait sa mascotte de son capot.

De la collaboration entre le constructeur sochalien et le concessionnaire parisien Emile Darl'mat naîtront des modèles sportifs. Dès 1950 une berline surbaissée de 50ch, en 1952 quelques rares cabriolets, en 1953 une 203 surbaissée de 80 ch pour participer à des rallyes, puis un autre hybride de Peugeot 203 et de Darl'mat de course pour concourir aux 24 heures du mans, dernière des réalisations d'Émile Darl'mat. En 1956, un dernier projet de coupé Darl'mat 203, dessiné par Géo Ham et mâtiné de 403, avorte après cinq exemplaires, faute d'accord de la nouvelle direction de Peugeot.

Ci-dessous, la berline 203 DARL'MAT, et à droite le tableau de bord 203 DARL'MAT DS (Spiritracerclub)

Ci-dessous, la 203 DARL'MAT DS pour Les 24 heures du Mans, étude Constantin (photos yalta production)

La 203 a prouvé des qualités particulièrement exceptionnelles dans les grandes compétitions internationales en rallyes. En témoigne ces extraits de son palmarès :

La 203, c'est aussi une histoire d'amour avec le Tour de France Automobile. Entre 1951 et 1959, de nombreux amateurs y engageront leur 203. Ils y récolteront de très beaux résultats comme le magnifique triplé de 1951 dans la Coupe des Dames. 8 ans plus tard, c'est une belle 5ème place, en catégorie Tourisme, qui attend la 203. Elle termine juste derrière la Jaguar Mark1 de Nino Da Silva Ramos et trois Alfa Romeo Giulietta bien plus puissantes ! [Frédéric Martin]

"La Lionne de Sochaux" a aussi révélé son caractère combatif dans la course automobile sur circuit, associée à des pilotes de renommés : Alexis CONSTANTIN, Jacques POCH, Jacques SAVOYE entre autres. Les carrosseries, préparations moteurs et améliorations aussi diverses que variées foisonnent ; le moteur sera même monté dans des monoplaces en formule Junior. De 1951 à 1955 les préparations "Constantin" participeront au 24 Heures de Mans ; en 1953 Alexis Constantin et Michel Aunaud parcourront 2690kms à la moyenne de 112kms/h. Mais le circuit ne sera pas le territoire de prédilection de la 203 du fait que la marque ne s'impliquera pas totalement malgré l'enthousiasme des préparateurs privés, et que les boîtes de vitesses ne seront pas à la hauteur. Il y aura un certains nombre d'abandons sur casse.

Alexis CONSTANTIN

Antoine DUBREUIL

Paul GUIRAULT

LES FRERES GOUX (Marcel et Jules)

Paul BARBIER

(Source Photos : Spiritacerclub)

Eugène MARTIN

Ci-dessous : Coupé Eugène Martin "Spéciale" - (Source Photos : Spiritacerclub)

Maurice DUBOIS

Ci-dessous : 1952 coupé MD (Maurice Dubois) moteur 203 compresseur Constantin, châssis tubulaire Nardi, carrosserie alu Pietro Frua

Roger DILLMAN

Le moteur de la 203 dans des Formules "Junior"

Les RAIDS

Dans le domaine des raids, la 203 a acquis une renommée durable par ses qualités de robustesse et d'endurance.

1950- RAID LE CAP-PARIS : Le 26 décembre 1950, l'équipage constitué d'André Mercier, concessionnaire Peugeot Parisien et de Charles de Cortanze, pilote Peugeot depuis les années 30, au volant d'une 203 commerciale pratiquement de série, a parcouru 15021kms en 16jours, 10heures et 19minutes ; soit 911kms par jour !

En 2000 Didier Pijolet et son père, du club " Les Amoureux 203 403", ont reproduit le raid de 50. Leur voiture de série a été adaptée pour l'épreuve par l'atelier de "l'Aventure Peugeot" à Sochaux : renforcement de la suspension, du freinage, du refroidissement, protection du carter moteur… mais elle reste très proche du modèle de série.